Portugal - Bloco d'Esquerda
Pour sauver les banques privées d'une banqueroute et payer des intérêts toujours grandissants sur la dette nationale après la crise de 2008, le gouvernement portugais (Parti Socialiste, PS) a mis en place 3 plans d'austérité (PEC), réduisant les salaires et retraites, augmentant les taxes et détruisant des services publiques comme la santé et les transports.
Le 4ème PEC, présenté en mars 2011, a conduit à la chute du gouvernement, pendant que le trio FMI, BCE, Commission Européenne (Troïka) fut appelé à l'aide car les taux d'intérêt des marchés devenaient prohibitif. Pendant la campagne électorale, un accord avec des mesures d'austérités sévères, semblable à celui de la Grèce, fut trouvé avec la Troïka.
Après que les sociaux démocrates (PSD) et les démocrates chrétiens (CDS-PP) aient gagné les dernières élections en juin, le nouveau gouvernement s'est dit que l'accord avec la Troïka n'était pas suffisant et a décidé de, par exemple, réduire les salaires des fonctionnaires de 20% en supprimant les primes de noël et de vacances, imposer au secteur privé une demi heure de travail non rémunérée, réduire les allocations chômage, légiférer sur un nouveau type de contrat de travail précaire, faciliter les licenciements, et privatiser le service de distribution d'eau et une part de la télévision national. Plusieurs de ces mesures étaient déjà annoncées et seront votées le 11 novembre.
Depuis ces annonces, il y a eu une augmentation du mécontentement de la population. Le 1er octobre, 130 000 personnes à Lisbonne et 50 000 à Porto ont défilé dans une manifestation unitaire organisée par la CGTP (la plus grosse confédération syndicale dans laquelle le parti communiste portugais a une influence majeure). Il y a eu également une manifestation significative le 15 novembre, suite à l'appel des campements espagnols qui a rassemblé presque 100 000 personnes à Lisbonne et 20 000 à Porto. Cette journée fut organisée par un mouvement social composé de divers groupes de gauche et d'indépendants démontrant l'avènement d'un nouvel acteur social. Cet acteur qui n'était pas susceptible de manifester à l'appel des fédérations syndicales au profil communiste orthodoxe, se mobilise néanmoins pour participer aux manifestations contre l'austérité et en faveur d'un nouveau système démocratique qui serve les intérêts de la majorité de la population. C'est un bon développement suite aux mobilisations du 12 mars (après la présentation du 4ème PEC) ou 400 000 personnes ont défilé dans plusieurs villes du Portugal (300 000 à Lisbonne, 80 000 à Porto) à l'appel des mouvements sociaux et sur un profil moins radical.
Il y a maintenant une grève générale prévue pour le 24 novembre, la troisième depuis la révolution portugaise de 1974 a être appelée par les deux principales confédérations syndicales (CGTP et UGT). Un sondage récent montre que 63% de la population est en faveur de cette grève et que 80% est contre le budget et les coupes dans les primes de noël et de vacances. 50% pense que les mobilisations sociales sont nécessaires.
Le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche) est passé de 16 à 8 parlementaires suite aux dernières élections. Plusieurs raisons sont invoquées, mais la principale est peut être le manque d'espoir face à la Troïka et le sentiment qu'aucune alternative à gauche ne pouvait aller à l'encontre de l'austérité. Dans ce contexte, le comité politique du Bloco a subi plusieurs attaques. La minorité moreniste à l'intérieur du Bloco a déjà annoncé qu'elle se retirerait et formerait son propre parti après mars 2012.
Pendant ce temps, plusieurs rencontres ont lieu dans le pays dans le but d'avoir une réflexion adéquate sur des sujets majeurs comme notre position sur la crise en Europe et l'Euro, le nouveau mouvement social, notre politique d'alliances et le rôle des tendances à l'intérieur du Bloco. Simultanément, les militants du Bloco de Esquerda et de l'APSR continuent d'être impliqués dans le mouvement social, et jouent un rôle fondamental dans plusieurs des manifestations massives qui ont lieu dans la rue.