La Suisse - ys15fr
La Suisse est un paradis pour les patrons à d'une stabilité politique et sociale inégalée dans le temps. Le rapport de force entre les classes est donc très largement en faveur de ceux d'en haut. La Suisse est gouvernée dans la collégialité par une union sacrée des principaux partis (PS, droite chrétienne, droite libérale et droite populiste) depuis plus de soixante ans ! Il n'y a pas de traditions de luttes ou de grandes victoires sociales historiques, sauf à remonter très loin dans le temps. Pays fédéraliste avec une démocratie dite « semi directe », ce qui complique encore plus les choses dans la formation d'une conscience de classe par des luttes unifiants les classes populaires. Militer et agir comme militant révolutionnaire dans ce pays n'est donc pas très enthousiasmants à première vue.
Les évolution sociales survenues ces vingt cinq dernières années ont été moins fortes que dans les autres pays européens car la bourgeoisie avait moins d'acquis ouvriers à casser qu'ailleurs. Cela dit, les politiques d'austérité qui vont de pair avec « un retour à l'ordre moral » ont quand même générées quelques résistances. Sur des questions sociétales, mais aussi dans le secteur des services publiques en Suisse romande ou dans celui du commerce et de l'industrie au Tessin et à Genève. Souvent provoquées par le travail et l'implantation de militant-e-s révolutionnaires ou de syndicalistes combatifs (grèves à l'aéroport de Genève, dans les services publics à Genève et Fribourg, industries au Tessin) mais parfois également de manière quasi spontanée par les salarié-e-s (vendeuses dans le canton de Neuchâtel ou salarié-e-s de Merx-Sereno). Une forte grève dans les transports publiques genevois a également eu lieu en novembre 2014. Des réseaux très intéressants existent sur les questions migratoires cherchant à favoriser l'auto-organisation et la lutte des migrant-e-s. Un petit renouveau intéressant du féminisme et de l'altermondialisme a également eu lieu dans quelques villes de Suisse ces dernières années. Etc Même si cela reste très minoritaire et partiel, cela a le mérite d'exister.
Les enjeux politiques du moment tournent autour des questions. Accords bilatéraux avec l'UE. Les Suisses ont acceptés une initiative de l'UDC (Union démocratique du Centre, droite populiste et anti-immigrés) qui stipule, de fait, la rupture avec la libre circulation des personnes ce qui posera un certain nombre de défi de taille à la bourgeoisie suisse, divisée sur ce sujet, tout comme au mouvement ouvrier, quasi muet. Franc fort. Au début de l'année 2015, la BNS (Banque Nationale Suisse) a décidé de mettre fin au système du « taux plancher » entre le Franc suisse et l'Euro, un mécanisme monétaire qui permettait de stabiliser le taux de change des deux monnaies, pour soutenir l'industrie d'exportations. cette mesure a fait monter le cours du Franc suisse ce qui a d'or et déjà été abondemment utilisé par les patrons pour baisser les salaires directement ou sous forme d'augmentation du temps de travail non payé. Presque sans réactions. Retraites. Alain Berset, conseiller fédéral (ministre) socialiste, prépare une réforme des retraites anti-sociale, le dit « Paquet Berset ». Les directions syndicales, liées organiquement au PS, souhaitent éviter de mener la bataille mais un front d'organisations à la gauche du PS, de quelques structures syndicales plus combatives et d'associations féministes (la réforme contient des attaques importantes contre les femmes travailleuses) se constitue.
Dans ce contexte, la Gauche Anticapitaliste (GA) se donne comme objectif central la construction de structures et lieux d’auto-organisation et de mobilisation collective des salarié-e-s, des jeunes et des femmes. Associé à ce travail de mobilisation, la reconstruction d'une gauche de gauche, c'est à dire d'un outil pour les salarié-e-s et tous les opprimé-e-s qui veulent lutter contre le capitalisme, le racisme, le sexisme. Fondée en 2008 et proche du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste, France), nous sommes une petite organisation, d'une cinquantaine de membres, dont près du tiers des membres nous ont rejoint lors des deux ou trois dernières années. Les deux sections principales sont dans la partie francophone de la Suisse (Lausanne et Fribourg). Nous pensons qu'il y a un espace pour que la gauche radicale puisse capter une certaine radicalisation de secteurs de la société notamment dans la jeunesse et dans toutes les petites luttes qui émergent. Nous nous investissons donc dans celles-ci avec comme objectif principal de grandir et de développer un travail théorique de formation sur le capitalisme en Suisse tout en avancant sur des questions programmatiques et stratégiques enore peu abordées. Gwenolé Scuiller Août 2015