Équateur - Refundación Socialista
En janvier 2012, nous arriverons à cinq ans de gouvernement Rafael Correa qui, depuis l'époque de la campagne électorale, s'est présenté avec un discours de gauche sous la devise de la ” révolution citoyenne ”. Il a réussi à supplanter les partis traditionnels, à travers le mécontentement des secteurs sociaux et l'espoir de meilleures conditions de vie pour les secteurs les plus pauvres de l'Équateur.
Correa, peu à peu, a montré sa réelle tendance politique, liée aux secteurs de pouvoir économique du pays et à la droite, lesquels ont eu une importance grandissante dans le gouvernement. Citons, par exemple, les firmes agroalimentaires, les chaînes de la grande distribution ainsi que le secteur bancaire. D'autres aspects significatifs ont été des liens directs entre des cabinets ministériels ou des conseillers avec des secteurs et des individus réformistes, ou de droite, ainsi que la Cooptation de dirigeants de certaines organisations sociales. Ce gouvernement a connu les prix les plus élevés du baril de pétrole ce qui lui a permis de couvrir certaines nécessités du pays, et d'avoir une politique clientéliste. Ce gouvernement a consacré beaucoup de ses efforts et de ses ressources à la persécution directe de dirigeants sociaux et indigènes, de défenseurs de la nature, des droits du travail, des droits sociaux, etc. Contrôlant l'État et les domaines judiciaire et législatif, le pouvoir Exécutif a élaboré, modifié, et approuvé des lois à l'encontre de la constitution de 2008, qui avait pourtant été construite à partir des organisations de femmes, d'indigènes, de noirs, de paysans, de travailleurs, d'étudiants, etc. Il n'y a pas, à proprement parlé, de changements structurels réels mais cela démontre la continuité du modèle Néo-libéral avec son penchant pour l'extraction et l'exploitation des ressources naturelles (industrie minière, et pétrolière principalement).
La criminalisation des luttes sociales ainsi que ses divisions fortifient le gouvernement répressif (Margarita Aguinaga).
Un autre des discours a été la défense des intérêts nationaux face à des institutions et gouvernements liés aux États-Unis, ainsi qu'aux organismes multilatéraux ; cependant pour ce qui est de l'extension du modèle d'extraction des ressources naturelles, la défense de la souveraineté ne fut pas évoquée. On peut replacer ce sujet également dans le cadre de l'endettement extérieur qui, bien qu'il fut réduit par une annulation partielle des dettes antérieures, a influencé la signature de contrats d'exploitation pétrolière avec la Chine pour plusieurs années (suite à des prêts de celle-ci). Le gouvernement ne parvient pas à développer un projet propre, est contradictoire dans ses actions et ne répond pas aux secteurs sociaux qui exigent un changement radical.
Dans le pays nous passons par un processus de transition du néo-libéralisme à un néo-développement fondé sur l'extraction des ressources naturelles et assimilable à un processus de néo-colonisation qui peut aussi être observé au niveau de la région.
La droite, bien qu'elle se pose en adversaire du gouvernement, a réussi à l'influencer pour avoir une politique favorable à ses intérêts ; Dépositaire d'un discours sécuritaire, elle a obtenu d'inclure des mesures plus oppressives ainsi que des punitions aux gens qui ne se comportent pas comme ” de bons citoyens ”. En outre, elle défend une moralité qui condamne l'avortement ainsi que les droits sexuels et de reproduction fondamentaux de la lutte des femmes.
Les organisations ont eu davantage d'activité ces deux dernières années, notamment à cause de mesures du gouvernement comme les licenciements des employés du secteur public aux alentours de 3.000 cette année ; le changement des journées de travail (extension des heures de travail) des travailleurs de la santé et de l'éducation ; des manifestations pour la défense du territoire, de l'eau ; des journées de lutte étudiantes.
Les mouvements sociaux autonomes interrogent le modèle de développement et exigent un processus de transformation profond comme la proposition de pluri-nationalité que met en avant le mouvement indigène.
Les femmes ont été présentes dans ce processus de lutte pour la défense de leur territoire, en influençant la politique et l'accomplissement de leurs droits, pour une vie sans violence, pour la terre, pour l'eau, l'économie et la finance solidaires, etc. S'articulant autour de plusieurs des organisations pour le féminisme populaire et communautaire dans un processus de construction. L'année 2012 sera électorale, on commence déjà à entrevoir les intérêts et les alliances pour les candidatures. Une part du parti au gouvernement actuellement maintiendra la candidature de Correa pour sa réélection et, avec la vice présidence (non encore défini), on pourra voir plus clairement les accords du gouvernement avec les secteurs économiques.
D'autre part, il existe une intention d'articuler les partis de gauche et mouvements sociaux dans une candidature unitaire, cette articulation a connu par le passé une forte cooptation et une division ; résidant dans les définitions politiques de chaque mouvement et parti ainsi que dans les différences de stratégies politiques et de tendances idéologiques. Se développe aussi une possible candidature de centre droit qui n'est pas encore très solide mais qui serait une candidature proche des secteurs bancaires.