Ulas Yilmaz, "Non chéri, c'est pas vrai, c'est seulement du "racisme ordinaire""

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„Ausländer nehmen uns die Homophobie weg!“

Non chéri, c’est pas vrai, c’est seulement du “racisme ordinaire”

Ulaş Yilmaz

Juin 2009, Berlin

Révisé par by Dr. Jennifer Petzen et Koray Yilmaz-Günay

À Berlin, les projets en cours contre l’homophobie cherchent principalement à réduire la violence dans la rue, et essaient d’assurer aux gays et lesbiennes ce qu’ils méritent – une digne place au sein des classes moyennes supérieures de la société. Ainsi, la principale tendance est de comprendre l’homophobie comme violence venue de la rue – ce qui donne un bon point de départ pour l’action et la mobilisation. Pourtant, cette vision populiste du problème laisse proliférer l’homophobie. Cette dernière est maintenant moins visible, plus insidieuse mais par là-même d’autant plus dangereuse…

Bien que la normalisation sociale de l’identité gay soit relativement nouvelle (et reste assurément un processus inachevé) en Europe de l’ouest et en Amérique du nord, beaucoup prétendent qu’elle a existé depuis la Bible et Jésus Christ. Ça peut sembler ridicule à plein d’égards, mais c’est ça qu’ils disent. Le fait de considérer l’homosexualité comme normale – dans certaines limites, bien sûr – est spécifique aux blancs des classes supérieures d’aujourd’hui. C’est une propriété de la société occidentale, et un moyen de définir et de marquer la frontière entre « nous » et « eux ». Quelqu’un a dû percevoir le danger, puisqu’en mars 2009 le gouvernement de gauche à Berlin a lancé une initiative pour l’acceptation de la diversité sexuelle1. Ce projet offre un changement fondamental dans la compréhension du problème et propose un tournant radical sur le plan politique.

Les migrants LGBTT entre racisme et transphobie/homophobie

Cette nouvelle initiative peut être une bonne occasion d’alléger la souffrance des migrants LGBTT, qui doivent vivre en se confrontant en quelque sorte à un dilemme entre homophobie et racisme. Pourtant, étant donné que l’Allemagne est un pays d’immigration qui n’est pas conscient de l’être, il est réaliste de dire que l’initiative ne peut offrir qu’une protection minimale aux migrants LGBTT.

Un cinquième des Allemands (hors immigrés) pensent que les étrangers prennent des emplois dont ils pensent qu’ils devraient leur revenir. C’est la phrase d’ouverture de chaque campagne politique de la droite : « Ausländer nehmen uns die Arbeitsplätze weg ». Explicitement ou implicitement, il ne serait pas étonnant d’entendre qu’un cinquième des citoyens allemands déclarent que l’homophobie est causée par les immigrés. L’opinion publique commune est que les attaques homophobes sont commises soit par les immigrés, soit par les néo-nazis. Les nazis, comme d’habitude, viennent de l’espace, donc l’Allemagne n’a rien à voir avec eux – au pire, ils sont considérés comme les moutons noirs de la famille, qui peuvent encore être contrôlés et inclus dans le « nous ». Au contraire, les immigrés viennent de pays musulmans, ils sont considérés comme naturellement islamistes et dangereux. Il est hors de question qu’ils fassent partie du « nous ». Le fait d’être LGBTT est pourtant considéré comme une déviation. Les Allemands sont pressés de vous donner une place spéciale, une statue, si vous déclarez que vous ne pouvez et ne voulez pas appartenir à la société migrante, en invoquant comme excuse votre orientation sexuelle. Ça vous place quelque part entre « nous » et « eux ». Vous pouvez aimer ça, si vous aimez jouer le rôle d’un animal de compagnie. Mais alors vous devez donner la bonne réponse aux questions suivantes.

Question : Qu’est-ce que l’Islam/le Coran dit sur votre homosexualité ? Ça doit être difficile pour toi.

Bonne réponse : Oui, c’est interdit par l’Islam/le Coran. Ce que je fais n’est pas accepté ni permis dans ma communauté. Et comme je le fais je ne me sens pas bien. J’ai des problèmes.

Question: Votre famille ne sait pas que vous êtes gay, n’est-ce pas ? Ça doit être très dur pour vous d’être tout le temps dans le placard. Comment est-ce qu’ils réagiraient s’ils le découvraient ?

Bonne réponse : Mon dieu ! Je ne peux même pas imaginer qu’ils découvrent que je suis gay. Non, non, non, jamais ! Ils me tueraient. Je suis sérieux !

Une conversation typique dans le milieu gay

- J’aime bien les mecs méditerranéens. D’où est-ce que tu es ? D’Espagne ?

- Non.

- D’Italie ?

- Non.

- Mais alors, d’où tu es, de France?

- Non, je suis de Turquie.

- Non, ça ne peut pas être possible ! Tu ne ressembles pas à quelqu’un qui vient de Turquie. (Cette dernière partie commence avec un gros sourire sur la figure qui dit, tu m’as bien eu ; maintenant, prends-moi, si tu es un vrai Turc !)

Une conversation typique dans la cafétéria le premier jour à l’université

- Non ! Ne mange pas ça ! C’est du porc.

- C’est bon. Je mange du porc.

Une semaine après à la cafeteria

- Non ! Ne mange pas ça. C’est du porc. C’est interdit par l’Islam, n’est-ce pas ?

- C’est bon. Je mange du porc. Je te l’ai déjà dit.

Un an après à la cafétéria

- Ne mange pas ça ! C’est du porc. C’est pas hallal !

- C’est bon. Est-ce que tu peux arrêter s’il te plaît ? Je mange ce qui me plaît.

Après cinq ans au même endroit 

- Je savais pas que tu mangeais du porc. Tu est vraiment quelqu’un de moderne !

- Ah ? (Ce serait bien si toi tu n’étais pas la même vieille merde raciste).

ien de nouveau sous le soleil

Depuis la période précoloniale, les personnes dont l’origine n’est pas blanche ont des positions inférieures à celles des Européens. La fonction de l’Islamophobie est d’essayer d’effacer la part « raciale » du racisme en utilisant des euphémismes. En conséquence, bien que l’identité européenne actuelle se nourrisse du nationalisme et du racisme, elle est moins visible dans le débat public. Pourtant, tout le monde – y compris les militants de gauche – parce de l’islamophobie de façon très passionnée. Cependant, abandonner le thème de l’islamophobie pour celui du racisme rendrait davantage justice à tous.