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*[http://bienscommuns.org/signature/appel/?a=appel&lang=fr '''déclaration de Bruxelles, récupérer les biens communs''']
*[http://bienscommuns.org/signature/appel/?a=appel&lang=fr '''déclaration de Bruxelles, récupérer les biens communs''']
'''L'Europe de l'Est à l'épreuve des crises de système'''
*[http://www.europe-soldaire.org/spip.php?article19336]
'''Manifeste pour la récupération des biens communs'''
*http://bienscommuns.org/signature/appel/?a=appel&lang=fr
== PLAN DU TOPO ==
IIRE -  décembre 2010
Plan, marché, démocratie...
Quel (éco)socialisme/communisme au XXIème siècle ?
Catherine Samary
samarycatherine@yahoo.fr
http://csamary.free.fr
Il n'y a pas de « recettes » ou de « modèle clé en main » du socialisme du XXIè siècle ;<br> une partie essentielle des réponses est à « inventer » dans les luttes et en fonction de contextes souvent nouveaux et spécifiés, compte tenu de rapports de force et d'expériences (pas les mêmes d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre...).<br> Le socialisme se prépare dans les luttes dans/contre le système, pas dans les « modèles »...<br>
Pourtant il faut aussi s'approprier la « mémoire vivante » des luttes et expériences alternatives passées, clarifier les enjeux rendus opaques par les échecs et la confusion des notions, apprendre des échecs, avoir quelques idées forces sur ce qu'on veut et peut proposer (à partir des expériences vécues...)... <br>
On discutera de ces enjeux à partir de trois « entrées » :<br>
A) L'Histoire : l'appropriation par les dominé-e-s de l'histoire des résistances et projets alternatifs - une question politique essentielle contre des enterrements programmés... <br>
B) Les notions : communisme/socialisme ; marché, plan propriété privée/publique ; autogestion. La mise en évidence des rapports humains et finalités derrière les notions - contre le brouillage des étiquettes et l'opacité des enjeux.<br>
C) L'actualité du socialisme dans les luttes actuelles...<br>
'''A) l'HISTOIRE''' :<br> l'appropriation par les dominé-e-s de l'histoire des résistances et projets alternatifs – une question politique essentielle contre des enterrements programmés...  <br>
1°) Nouvelle période historique, nouvelles générations... mais :<br>
peut-on « transformer le monde » sans être capable d'interpréter son histoire ? Importance de l'intelligibilité des tentatives révolutionnaires et des échecs dans une optique radicalement anti-impérialiste et émancipatrice; <br>
la logique « du passé faisons table rase » vient principalement des adversaires de tout projet anti-capitaliste : cf. l'idéologie de la « fin de l'histoire » avec la chute du Mur de Berlin et la fin de l'URSS...<br>
2°) La mémoire vivante des luttes et des alternatives (dans chaque continent et société) = enjeu politique et démocratique<br>
a) Montée universelle des exigences de « mémoire » de l'histoire des « sans voix », esclaves, révoltes paysannes, luttes des femmes, des indigènes, des colonisé-es... des perdants de l'histoire ... cf. Walter Benjamin... L'histoire à « trous », à conflits et à « bifurcations »<br>
b) Après la chute du Mur de Berlin et la fin de l'URSS (1989-1991), nouvelle histoire « officielle », nouvelle censure sur  les pays qui se sont réclamés du socialisme<br>
b1 - « révisionnisme » historique :<br>
occultation du passé pré-communiste donc des causes et racines des révolutions du XXè siècle – de la Russie à la Chine, de Cuba au Vietnam...:  « système-monde » hiérarchisé, impérialiste ... (cf. «théorie de la révolution permanente ») ; <br>
réduction des sociétés issues des révolutions à la violence et aux répressions du parti unique ;<br>
donc présentation de cette phase historique comme une aberrante « parenthèse »... ; en Europe : idéologie de la « réunification du continent » et du « retour à l'Europe » pour l'adhésion des pays d'Europe de l'Est à l'Union européenne).<br>
b2 – occultation des causes réelles des échecs :  pas assez de socialisme... Ecart entre aspirations populaires et la réalité (politique et économique) de l'Europe de l'Est depuis 1989..<br>
.b3 – occultation du bilan de la restauration capitaliste : qui décide ? Quel bilan social ?<br>
'''B) LES NOTIONS''' :<br> la mise en évidence des rapports humains et finalités derrière les notions contre le brouillage des étiquettes et l'opacité des enjeux .<br>
Rejet du dogmatisme (excluant les débats sur les moyens) ou des définitions normatives auto-proclamées... mais égal rejet  de l'ecclectisme idéologique qui rend les enjeux opaques.<br>
I) « communisme », « socialisme »...
Distinction entre
 (1) les finalités des  projets communistes comme « utopies concrètes »... non réalisées, mais théoriquement toujours fondées et pratiquement portées dans les grands mouvements sociaux = la substance, derrière le mot.
NB : Sous cet angle, on ne distinguera pas communisme et socialisme. Discussion sur la pertinence des distinctions « classiques » entre « étapes » socialiste et communiste...
 Quelle substance  « communiste », au-delà des « modèles » et expériences ?
■ Le rejet des rapports de domination (émancipation de chacun-e comme condition de l'émancipation de tou-te-s)
■ L'objectif explicite de satisfaction des besoins sociaux
■ Appropriation collective de « biens communs » ;  ce sont les êtres humains (individus associés librement) eux-mêmes qui jugent des besoins à satisfaire et des moyens adéquats (formes de propriété, institutions, etc...) pour ce faire.
NB 1 : « Par essence », ces finalités et principes remettent en cause les sociétés où règnent des rapports d'exploitation et d'oppression, et où des ressources nécessaires à la satisfaction des besoins sont appropriées par quelques-un-e-s sur le dos des autres...
NB 2 : on trouve des aspirations et mouvements « communistes » de ce type  bien avant l'ère capitaliste qui y inscrit ses propres dimensions nouvelles (rapports sociaux et forces productives de la révolution industrielle): cf. luttes paysannes et religieuses (cf. Ernst Bloch, in Michael Löwy, Sociologies des religions )
 (2) La réalité historique de partis, « modèles », expériences ayant pris les étiquettes « communistes » et/ou « socialistes », cette fois-ci en fonction de programmes distincts, dans des contextes à spécifier ... et les ayant gardées y compris en ayant renoncé explicitement au programme initial. D'où le brouillage des mots...
 C'est l'écart entre buts proclamés (promesses) et réalité qui est la source profonde de critiques porteuses de luttes, de révoltes, de crises (des régimes et partis)... (exemples de l'Europe de l'est, Yougoslavie 1948 ; Pologne et Hongrie 1956 ; Tchécoslovaquie 1968 ; Pologne 1980)
 La popularité persistante des aspirations exprimées dans (1) peut se vérifier dans le temps et sous divers cieux : d'où la persistance possible des étiquettes utilisées démagogiquement  ... ou bien la diabolisation des aspirations, les changements d'étiquettes assumées.
II) marché, plan, propriété privée et publique...
 Le socialisme, une société sans monnaie et sans marché ? Sans propriété privée ?
 Planifier tout ? Tout nationaliser ?
 Un « socialisme de marché » ?
Appliquer les distinctions proposées en I : juger des moyens en fonction des effets sur les rapports humains et la satisfaction des besoins. Donc, aller « derrière »  les catégories économiques, les institutions et les discours, ...
a) Marché et plan.
 a1) Des distinctions  essentielles :
 utilisation partielle de monnaie et de certains mécanismes marchands dans une société où les choix dominants (de production, de distribution des richesses) ne sont pas déterminés par le marché et une logique de profit marchand...
 et la domination du règne de la marchandise et du marché propre au système capitaliste (cf. « un capitalisme pur » de Michel Husson des années 1980 à aujourd'hui, retour au 19è siècle !...). Avec pour but  (et mécanisme fondamental orientant la production) l'accumulation de profit monétaire, donc marchand (il faut vendre sur un marché pour empocher le profit). Avec développement de divers marchés :
■ marché du travail (rapport salarial capitaliste) ;
■ marché du capital (financements privés orientés par le profit)
■ marché des biens et services (de production et de consommation)
NB : les crises sont de bons « révélateurs » de l'essence des sociétés...
 a2) Que rejette-t-on, selon une logique socialiste/communiste  ?
■ Le rapport salarial capitaliste – et, au-delà, tout rapport de domination surgit dans la révolution (bureaucratisme...), ce qui implique :
 une remise en cause du « marché du travail »  où la force de travail est traitée comme « marchandise » jetable, et où le salaire est traité comme un « coût » à comprimer...
 une remise en cause des droits de propriété capitaliste : droits de licenciements de la force de travail et d'organisation du travail sur la base d'un rapport d'exploitation des salariés ; et droits d'appropriation privée de la valeur produite
Ce qui soulève l'enjeu central du statut de la force de travail  (Cf. le point sur l'autogestion et la propriété sociale).
■ Les critères de profit marchand pour évaluer les besoins pris en compte et les coûts à comprimer:
 analyse des besoins non pris en compte par le marché capitaliste  ; et de ceux qui sont au contraire stimulés  :
 mise en évidence des critères (sociaux, écologiques..) de « coûts » comprimés par la logique de production pour le profit marchand
D'où la remise en cause du marché du capital (banques privées et marchés financiers, bourse...) :
Mais critique de la planification bureaucratique, étatique (également sous l'angle des besoins non satisfaits et  des gaspillages/coûts) :  logique de  socialisation (en critique de l'« étatisa¬tion ») des ressources et de planification sociale des besoins de base à divers niveaux... = soumission à des critères et contrôles publics, pluralistes (travailleurs, usagers...). Cf. à nouveau le statut des êtres humains et la propriété sociale.
 a3) Mais cela laisse ouvert au débat et à l'expérience
 un certain marché de biens et de services (petite production marchande qui peut être incitée à des formes coopératives notamment dans l'agriculture....) ;
 l'utilisation de l'argent comme revenu et pouvoir d'achat  facilitant des choix individuels décentralisés;
 la place (l'extension) et les formes de production planifiée: il n'est ni possible ni nécessaire de tout chercher à planifier (grandes priorités à satisfaire)... et encore moins de façon hyper-centralisée (plans locaux, régionaux ; coordination et coopérations ; utilisation de l'informatique) ; possibilité de certaines productions en réseaux sans argent selon une logique d'association et d'innovation libre comme pour Linux...
 les débats sur les « prix » de distribution des divers biens et services qu'ils soient produits de façon planifiée ou pas (place de la gratuité donc des subventions, etc...)
b)La propriété privée et la  propriété publique...
 b1 - Distinctions nécessaires de divers types de propriété privée :
■ la propriété individuelle de moyens de production (cf. artisans, petits paysans, petit commerce...) ou petite production marchande : sans rapport d'exploitation. Cf. ce que Marx en dit dans Le Manifeste
 Diversité des agriculteurs et paysans au plan de classe ;
 Défiance envers la paysannerie... omettant les traditions « communistes »...
 insertion dans des logiques capitalistes (sous-traitance...) ou socialistes (coopératives) possibles
■ la propriété personnelle de biens d'usage ...
■ La propriété capitaliste des moyens de production permettant un rapport d'exploitation et d'appropriation privée des résultat du travail : c'est elle qui est au centre de notre critique.
 b2 - Et distinctions de divers types de propriété publique
■ les nationalisations dans divers contextes capitalistes
 de crise ou/et de guerre où l'Etat prend (provisoirement) le relais du secteur privé pour diminuer ses coûts et financer ses guerres ou l'économie ; ou logique de « régulation » du marché ;
 ou encore sous pressions politiques et sociales (extension des services publics... et du statut de fonctionnaire protégé de la logique de marché) ;
 ... lieux de logiques sociales conflictuelles, dénouées selon les rapports de force  : cf. le démantèlement actuel avec nouvelle offensive néo-libérale en Europe , ou au contraire, éventuelles logiques « transitoires » exigeant des nationalisations sous contrôle ouvrier... (cf. point C)
■ des nationalisations s'inscrivant dans une  logique globale anti-capitaliste : interdictions du marché du capital, socialisation des banques... ; limitations explicites du secteur privé et de ses droits...
Mais là, l'expérience montre
 la tendance à « l'étatisation » si le statut des travailleurs ne modifie pas radicalement les conditions de gestion, maintenant une forme de salariat public.
 Des formes alternatives de propriété collective (où les travailleurs sont en même temps propriétaires)
■ avec beaucoup de variantes sous forme de coopératives (de production, de consommation ; d'intérêt collectif divers) (certaines nées dans le cadre de stratégies de survies ou de résistances aux fermetures d'entreprises cf. point C)
■ ou d'entreprises autogérées... avec là aussi des variantes.
III) L'autogestion et la démocratie économique et politique
Pour revenir à l'essence du projet communiste – contre sa dégénérescence bureaucratique, il fait mettre l'accent  sur la question des droits, donc du statut des travailleurs ou de la démocratie économique.
1°) La notion d'autogestion impose la même distinction que pour le  communisme.
 (1) La substance de la notion d' « autogestion ouvrière » : remise en cause d'un statut de « salarié ». L'autogestionnaire est, en droit, responsable de la gestion de son propre travail.
.. L'autogestion est donc anti-capitaliste dans sa logique et se rattache aux principes du communisme (1) et de la propriété sociale des moyens de production.
Mais elle peut s'incorporer à des  luttes dans/contre le système capitaliste  (cf. partie C) ...
 (2) Elle recouvre différents types de « modèles » que les phases de l'expérience yougoslave illustrent
■ l'autogestion d'entreprise limitée ... par le plan qui capte les principales ressources pour les investissements : l'autogestion porte sur l'organisation du travail et la gestion quotidienne;
■ L'autogestion d'entreprise limitée ... par le marché : elle voit ses droits accrus dans le cadre d'un « socialisme de marché » avec la suppression de la planification - mais avec un rôle accru des banques dans la répartition des  fonds selon des critères de mise en concurrence des entreprises autogérées ...
■ l'autogestion associée à une « propriété sociale », à différents niveaux territoriaux (cf. point suivant).
2°) Quels débats et problèmes fondamentaux ?
a) Mise à plat du débat avec les courants anarchistes :
 démocratie “directe” et rôle des institutions (parti, experts) pour éclairer les choix autogestionnaires ; logique sans Etat ou socialisation de l'Etat ?
 Idem : supprimer la planification (remplacée par un lien de marché entre coopératives autogérées) ou socialisation du plan ?
Creusement des inégalités et du chômage par la concurrence de marché –  “à chacun selon les ventes sur le marché”? - et impasses de l''horizon de gestion de l'entreprise atomisée : les droits  autogestionnaires doivent s'appliquer à la logique d'ensemble (priorités des financements, critères de rémunération, coûts) avec des stimulants poussant à la coopération et non à la concurrence...
b) Dans les conflits et revendications exprimées en Yougoslavie par la gauche autogestionnaire à la fin des années 1960, on a contestation explicite des diverses formes d'aliénation de l'autogestion (par le plan ou par le marché – et le parti-Etat) avec mise en avant de revendications éclairantes, notamment
 « propriété sociale » autogestionnaire, en critique à la fois de la propriété publique étatique ou de la socialisation limitée à l'échelle de chaque entreprise ;
 « planification autogestionnaire »,  à la fois opposée à la planification administrative et au « socialisme de marché » ;
 droits de gestion associant travailleurs et usagers (par exemple pour des  services de santé, de transports, etc...
 diversité de fonds alloués à des besoins spécifiques (d'investissement, de consommation collective) ;
 chambres spécifiques de l'autogestion à l'échelle des communes, des républiques, etc...
Enjeu politique essentiel : quel/s parti/s  et drotis d'organisation pluraliste ? Cf. la répression...
Solution : pas de parti ? Ou bien... Préparation en profondeur et de longue date de l'enjeu autogestionnaire... avec pluralisme politique sous des formes diversesn et forces de rappel pour tirer les bilans et rectifier...
C) Le socialisme se prépare dans les luttes dans/contre le système capitaliste...
1) Gérer le dilemme : risque d'enlisement dans le système ; ou risque de paralysie dans l'attente du grand soir... et de lendemains difficiles:les finalités et aspirations profondes “communistes” sont présentes dans les luttes, mais se heurtent au système...
La notion de “démarche transitoire” .
2) Résistances dans/contre le système et enjeux dans la crise actuelle:
 “contrôle ouvrier”, récupération autogestionnaires des usines dans les luttes, coopératives, de production ... Exemple : les Lips en France (1973) ; les entreprises récupérées en Argentine (années 2000)... Les coopératives... L'expérience de Porto Alegre... Difficultés...
 Difficultés actuelles et risques dans un environnement où domine le marché capitaliste et un Etat bourgeois ?
 La crise et la possibilité d'élargissement des résistances à des niveaux continentaux :cf. Débats sur  Amérique latine ; enjeux européens ?
 La conquête d'hégémonie idéologique – délégitimer les politiques dominantes ouvrir le champ des choix et critères ;
 Un carré fondamental :
 1- les droits humains universels et “biens communs” (patrimoine de l'humanité – naturel et produit) ;
 2- les enjeux écologiques planétaires
 3- l'égalité réelle contre un  universalisme abstrait  :  analyse concrète des écarts entre droits proclamés et réalités – selon les classes, le genre, les “races” ou origines, la sexualité, etc... ;
 4- la démocratie comme cadre basée sur l'autonomie individuelle et collective (les libertés) ;
 différentes formes de démocratie (représentative, participative) à combiner,  transformées par les droits sociaux-économiques...
 Possibilité de différentes “chambres” (cf. questions nationales ; sociales ; autogestion...) avec droits de veto (votes majoritaires non nécessairement démocratiques) ;
 mais importance de l'approche “politique” et citoyenne élargissant les horizons et faisant apparaître un “intérêt général” à partir de la prise en compte des conflits...
 démocratie, religions et émancipation :
■ Contre tous les Etats dictatoriaux – et les idéologies d'Etat,  qu'ils soient athées ou religieux ;
■ principes de laïcité contre les pouvoirs cléricaux, pas contre les croyants et contre les libres confrontations politiques et philosophiques
■ pas d'émancipation sans autonomie des choix individuels excluant la violence
 Forces de rappel pour rectifier : institutions indépendantes des pouvoirs d'Etat (syndicats, associations, observatoires des inégalités, etc...)  et libre auto-organisation non institutionnelle mais soutenue (moyens financiers, locaux, médias...)...
= pas de recettes, conflits durables, donc moyens de rectifier les erreurs par rapports aux finalités explicitées.

Latest revision as of 20:05, 16 December 2010

L'Europe de l'Est à l'épreuve des crises de système

Manifeste pour la récupération des biens communs

PLAN DU TOPO

IIRE - décembre 2010 Plan, marché, démocratie... Quel (éco)socialisme/communisme au XXIème siècle ? Catherine Samary samarycatherine@yahoo.fr http://csamary.free.fr

Il n'y a pas de « recettes » ou de « modèle clé en main » du socialisme du XXIè siècle ;
une partie essentielle des réponses est à « inventer » dans les luttes et en fonction de contextes souvent nouveaux et spécifiés, compte tenu de rapports de force et d'expériences (pas les mêmes d'un continent à l'autre, d'un pays à l'autre...).
Le socialisme se prépare dans les luttes dans/contre le système, pas dans les « modèles »...
Pourtant il faut aussi s'approprier la « mémoire vivante » des luttes et expériences alternatives passées, clarifier les enjeux rendus opaques par les échecs et la confusion des notions, apprendre des échecs, avoir quelques idées forces sur ce qu'on veut et peut proposer (à partir des expériences vécues...)...

On discutera de ces enjeux à partir de trois « entrées » :
A) L'Histoire : l'appropriation par les dominé-e-s de l'histoire des résistances et projets alternatifs - une question politique essentielle contre des enterrements programmés...
B) Les notions : communisme/socialisme ; marché, plan propriété privée/publique ; autogestion. La mise en évidence des rapports humains et finalités derrière les notions - contre le brouillage des étiquettes et l'opacité des enjeux.
C) L'actualité du socialisme dans les luttes actuelles...

A) l'HISTOIRE :
l'appropriation par les dominé-e-s de l'histoire des résistances et projets alternatifs – une question politique essentielle contre des enterrements programmés...
1°) Nouvelle période historique, nouvelles générations... mais :
peut-on « transformer le monde » sans être capable d'interpréter son histoire ? Importance de l'intelligibilité des tentatives révolutionnaires et des échecs dans une optique radicalement anti-impérialiste et émancipatrice;
la logique « du passé faisons table rase » vient principalement des adversaires de tout projet anti-capitaliste : cf. l'idéologie de la « fin de l'histoire » avec la chute du Mur de Berlin et la fin de l'URSS...
2°) La mémoire vivante des luttes et des alternatives (dans chaque continent et société) = enjeu politique et démocratique
a) Montée universelle des exigences de « mémoire » de l'histoire des « sans voix », esclaves, révoltes paysannes, luttes des femmes, des indigènes, des colonisé-es... des perdants de l'histoire ... cf. Walter Benjamin... L'histoire à « trous », à conflits et à « bifurcations »
b) Après la chute du Mur de Berlin et la fin de l'URSS (1989-1991), nouvelle histoire « officielle », nouvelle censure sur les pays qui se sont réclamés du socialisme
b1 - « révisionnisme » historique :
occultation du passé pré-communiste donc des causes et racines des révolutions du XXè siècle – de la Russie à la Chine, de Cuba au Vietnam...: « système-monde » hiérarchisé, impérialiste ... (cf. «théorie de la révolution permanente ») ;
réduction des sociétés issues des révolutions à la violence et aux répressions du parti unique ;
donc présentation de cette phase historique comme une aberrante « parenthèse »... ; en Europe : idéologie de la « réunification du continent » et du « retour à l'Europe » pour l'adhésion des pays d'Europe de l'Est à l'Union européenne).
b2 – occultation des causes réelles des échecs : pas assez de socialisme... Ecart entre aspirations populaires et la réalité (politique et économique) de l'Europe de l'Est depuis 1989..
.b3 – occultation du bilan de la restauration capitaliste : qui décide ? Quel bilan social ?
B) LES NOTIONS :
la mise en évidence des rapports humains et finalités derrière les notions contre le brouillage des étiquettes et l'opacité des enjeux .
Rejet du dogmatisme (excluant les débats sur les moyens) ou des définitions normatives auto-proclamées... mais égal rejet de l'ecclectisme idéologique qui rend les enjeux opaques.

I) « communisme », « socialisme »... Distinction entre  (1) les finalités des projets communistes comme « utopies concrètes »... non réalisées, mais théoriquement toujours fondées et pratiquement portées dans les grands mouvements sociaux = la substance, derrière le mot. NB : Sous cet angle, on ne distinguera pas communisme et socialisme. Discussion sur la pertinence des distinctions « classiques » entre « étapes » socialiste et communiste...  Quelle substance « communiste », au-delà des « modèles » et expériences ? ■ Le rejet des rapports de domination (émancipation de chacun-e comme condition de l'émancipation de tou-te-s) ■ L'objectif explicite de satisfaction des besoins sociaux ■ Appropriation collective de « biens communs » ; ce sont les êtres humains (individus associés librement) eux-mêmes qui jugent des besoins à satisfaire et des moyens adéquats (formes de propriété, institutions, etc...) pour ce faire. NB 1 : « Par essence », ces finalités et principes remettent en cause les sociétés où règnent des rapports d'exploitation et d'oppression, et où des ressources nécessaires à la satisfaction des besoins sont appropriées par quelques-un-e-s sur le dos des autres... NB 2 : on trouve des aspirations et mouvements « communistes » de ce type bien avant l'ère capitaliste qui y inscrit ses propres dimensions nouvelles (rapports sociaux et forces productives de la révolution industrielle): cf. luttes paysannes et religieuses (cf. Ernst Bloch, in Michael Löwy, Sociologies des religions )

 (2) La réalité historique de partis, « modèles », expériences ayant pris les étiquettes « communistes » et/ou « socialistes », cette fois-ci en fonction de programmes distincts, dans des contextes à spécifier ... et les ayant gardées y compris en ayant renoncé explicitement au programme initial. D'où le brouillage des mots...  C'est l'écart entre buts proclamés (promesses) et réalité qui est la source profonde de critiques porteuses de luttes, de révoltes, de crises (des régimes et partis)... (exemples de l'Europe de l'est, Yougoslavie 1948 ; Pologne et Hongrie 1956 ; Tchécoslovaquie 1968 ; Pologne 1980)  La popularité persistante des aspirations exprimées dans (1) peut se vérifier dans le temps et sous divers cieux : d'où la persistance possible des étiquettes utilisées démagogiquement ... ou bien la diabolisation des aspirations, les changements d'étiquettes assumées.

II) marché, plan, propriété privée et publique...  Le socialisme, une société sans monnaie et sans marché ? Sans propriété privée ?  Planifier tout ? Tout nationaliser ?  Un « socialisme de marché » ? Appliquer les distinctions proposées en I : juger des moyens en fonction des effets sur les rapports humains et la satisfaction des besoins. Donc, aller « derrière » les catégories économiques, les institutions et les discours, ...

a) Marché et plan.  a1) Des distinctions essentielles :  utilisation partielle de monnaie et de certains mécanismes marchands dans une société où les choix dominants (de production, de distribution des richesses) ne sont pas déterminés par le marché et une logique de profit marchand...  et la domination du règne de la marchandise et du marché propre au système capitaliste (cf. « un capitalisme pur » de Michel Husson des années 1980 à aujourd'hui, retour au 19è siècle !...). Avec pour but (et mécanisme fondamental orientant la production) l'accumulation de profit monétaire, donc marchand (il faut vendre sur un marché pour empocher le profit). Avec développement de divers marchés : ■ marché du travail (rapport salarial capitaliste) ; ■ marché du capital (financements privés orientés par le profit) ■ marché des biens et services (de production et de consommation) NB : les crises sont de bons « révélateurs » de l'essence des sociétés...  a2) Que rejette-t-on, selon une logique socialiste/communiste  ? ■ Le rapport salarial capitaliste – et, au-delà, tout rapport de domination surgit dans la révolution (bureaucratisme...), ce qui implique :  une remise en cause du « marché du travail » où la force de travail est traitée comme « marchandise » jetable, et où le salaire est traité comme un « coût » à comprimer...  une remise en cause des droits de propriété capitaliste : droits de licenciements de la force de travail et d'organisation du travail sur la base d'un rapport d'exploitation des salariés ; et droits d'appropriation privée de la valeur produite Ce qui soulève l'enjeu central du statut de la force de travail (Cf. le point sur l'autogestion et la propriété sociale). ■ Les critères de profit marchand pour évaluer les besoins pris en compte et les coûts à comprimer:  analyse des besoins non pris en compte par le marché capitaliste  ; et de ceux qui sont au contraire stimulés  :  mise en évidence des critères (sociaux, écologiques..) de « coûts » comprimés par la logique de production pour le profit marchand D'où la remise en cause du marché du capital (banques privées et marchés financiers, bourse...) : Mais critique de la planification bureaucratique, étatique (également sous l'angle des besoins non satisfaits et des gaspillages/coûts) : logique de socialisation (en critique de l'« étatisa¬tion ») des ressources et de planification sociale des besoins de base à divers niveaux... = soumission à des critères et contrôles publics, pluralistes (travailleurs, usagers...). Cf. à nouveau le statut des êtres humains et la propriété sociale.  a3) Mais cela laisse ouvert au débat et à l'expérience  un certain marché de biens et de services (petite production marchande qui peut être incitée à des formes coopératives notamment dans l'agriculture....) ;  l'utilisation de l'argent comme revenu et pouvoir d'achat facilitant des choix individuels décentralisés;  la place (l'extension) et les formes de production planifiée: il n'est ni possible ni nécessaire de tout chercher à planifier (grandes priorités à satisfaire)... et encore moins de façon hyper-centralisée (plans locaux, régionaux ; coordination et coopérations ; utilisation de l'informatique) ; possibilité de certaines productions en réseaux sans argent selon une logique d'association et d'innovation libre comme pour Linux...  les débats sur les « prix » de distribution des divers biens et services qu'ils soient produits de façon planifiée ou pas (place de la gratuité donc des subventions, etc...)

b)La propriété privée et la propriété publique...  b1 - Distinctions nécessaires de divers types de propriété privée : ■ la propriété individuelle de moyens de production (cf. artisans, petits paysans, petit commerce...) ou petite production marchande : sans rapport d'exploitation. Cf. ce que Marx en dit dans Le Manifeste  Diversité des agriculteurs et paysans au plan de classe ;  Défiance envers la paysannerie... omettant les traditions « communistes »...  insertion dans des logiques capitalistes (sous-traitance...) ou socialistes (coopératives) possibles ■ la propriété personnelle de biens d'usage ... ■ La propriété capitaliste des moyens de production permettant un rapport d'exploitation et d'appropriation privée des résultat du travail : c'est elle qui est au centre de notre critique.  b2 - Et distinctions de divers types de propriété publique ■ les nationalisations dans divers contextes capitalistes  de crise ou/et de guerre où l'Etat prend (provisoirement) le relais du secteur privé pour diminuer ses coûts et financer ses guerres ou l'économie ; ou logique de « régulation » du marché ;  ou encore sous pressions politiques et sociales (extension des services publics... et du statut de fonctionnaire protégé de la logique de marché) ;  ... lieux de logiques sociales conflictuelles, dénouées selon les rapports de force  : cf. le démantèlement actuel avec nouvelle offensive néo-libérale en Europe , ou au contraire, éventuelles logiques « transitoires » exigeant des nationalisations sous contrôle ouvrier... (cf. point C) ■ des nationalisations s'inscrivant dans une logique globale anti-capitaliste : interdictions du marché du capital, socialisation des banques... ; limitations explicites du secteur privé et de ses droits... Mais là, l'expérience montre  la tendance à « l'étatisation » si le statut des travailleurs ne modifie pas radicalement les conditions de gestion, maintenant une forme de salariat public.  Des formes alternatives de propriété collective (où les travailleurs sont en même temps propriétaires) ■ avec beaucoup de variantes sous forme de coopératives (de production, de consommation ; d'intérêt collectif divers) (certaines nées dans le cadre de stratégies de survies ou de résistances aux fermetures d'entreprises cf. point C) ■ ou d'entreprises autogérées... avec là aussi des variantes.


III) L'autogestion et la démocratie économique et politique Pour revenir à l'essence du projet communiste – contre sa dégénérescence bureaucratique, il fait mettre l'accent sur la question des droits, donc du statut des travailleurs ou de la démocratie économique. 1°) La notion d'autogestion impose la même distinction que pour le communisme.  (1) La substance de la notion d' « autogestion ouvrière » : remise en cause d'un statut de « salarié ». L'autogestionnaire est, en droit, responsable de la gestion de son propre travail. .. L'autogestion est donc anti-capitaliste dans sa logique et se rattache aux principes du communisme (1) et de la propriété sociale des moyens de production. Mais elle peut s'incorporer à des luttes dans/contre le système capitaliste (cf. partie C) ...  (2) Elle recouvre différents types de « modèles » que les phases de l'expérience yougoslave illustrent ■ l'autogestion d'entreprise limitée ... par le plan qui capte les principales ressources pour les investissements : l'autogestion porte sur l'organisation du travail et la gestion quotidienne; ■ L'autogestion d'entreprise limitée ... par le marché : elle voit ses droits accrus dans le cadre d'un « socialisme de marché » avec la suppression de la planification - mais avec un rôle accru des banques dans la répartition des fonds selon des critères de mise en concurrence des entreprises autogérées ... ■ l'autogestion associée à une « propriété sociale », à différents niveaux territoriaux (cf. point suivant). 2°) Quels débats et problèmes fondamentaux ? a) Mise à plat du débat avec les courants anarchistes :  démocratie “directe” et rôle des institutions (parti, experts) pour éclairer les choix autogestionnaires ; logique sans Etat ou socialisation de l'Etat ?  Idem : supprimer la planification (remplacée par un lien de marché entre coopératives autogérées) ou socialisation du plan ? Creusement des inégalités et du chômage par la concurrence de marché – “à chacun selon les ventes sur le marché”? - et impasses de lhorizon de gestion de l'entreprise atomisée : les droits autogestionnaires doivent s'appliquer à la logique d'ensemble (priorités des financements, critères de rémunération, coûts) avec des stimulants poussant à la coopération et non à la concurrence...

b) Dans les conflits et revendications exprimées en Yougoslavie par la gauche autogestionnaire à la fin des années 1960, on a contestation explicite des diverses formes d'aliénation de l'autogestion (par le plan ou par le marché – et le parti-Etat) avec mise en avant de revendications éclairantes, notamment  « propriété sociale » autogestionnaire, en critique à la fois de la propriété publique étatique ou de la socialisation limitée à l'échelle de chaque entreprise ;  « planification autogestionnaire », à la fois opposée à la planification administrative et au « socialisme de marché » ;  droits de gestion associant travailleurs et usagers (par exemple pour des services de santé, de transports, etc...  diversité de fonds alloués à des besoins spécifiques (d'investissement, de consommation collective) ;  chambres spécifiques de l'autogestion à l'échelle des communes, des républiques, etc...

Enjeu politique essentiel : quel/s parti/s et drotis d'organisation pluraliste ? Cf. la répression... Solution : pas de parti ? Ou bien... Préparation en profondeur et de longue date de l'enjeu autogestionnaire... avec pluralisme politique sous des formes diversesn et forces de rappel pour tirer les bilans et rectifier...

C) Le socialisme se prépare dans les luttes dans/contre le système capitaliste...

1) Gérer le dilemme : risque d'enlisement dans le système ; ou risque de paralysie dans l'attente du grand soir... et de lendemains difficiles:les finalités et aspirations profondes “communistes” sont présentes dans les luttes, mais se heurtent au système... La notion de “démarche transitoire” . 2) Résistances dans/contre le système et enjeux dans la crise actuelle:  “contrôle ouvrier”, récupération autogestionnaires des usines dans les luttes, coopératives, de production ... Exemple : les Lips en France (1973) ; les entreprises récupérées en Argentine (années 2000)... Les coopératives... L'expérience de Porto Alegre... Difficultés...  Difficultés actuelles et risques dans un environnement où domine le marché capitaliste et un Etat bourgeois ?  La crise et la possibilité d'élargissement des résistances à des niveaux continentaux :cf. Débats sur Amérique latine ; enjeux européens ?  La conquête d'hégémonie idéologique – délégitimer les politiques dominantes ouvrir le champ des choix et critères ;  Un carré fondamental :  1- les droits humains universels et “biens communs” (patrimoine de l'humanité – naturel et produit) ;  2- les enjeux écologiques planétaires  3- l'égalité réelle contre un universalisme abstrait  : analyse concrète des écarts entre droits proclamés et réalités – selon les classes, le genre, les “races” ou origines, la sexualité, etc... ;  4- la démocratie comme cadre basée sur l'autonomie individuelle et collective (les libertés) ;  différentes formes de démocratie (représentative, participative) à combiner, transformées par les droits sociaux-économiques...  Possibilité de différentes “chambres” (cf. questions nationales ; sociales ; autogestion...) avec droits de veto (votes majoritaires non nécessairement démocratiques) ;  mais importance de l'approche “politique” et citoyenne élargissant les horizons et faisant apparaître un “intérêt général” à partir de la prise en compte des conflits...  démocratie, religions et émancipation : ■ Contre tous les Etats dictatoriaux – et les idéologies d'Etat, qu'ils soient athées ou religieux ; ■ principes de laïcité contre les pouvoirs cléricaux, pas contre les croyants et contre les libres confrontations politiques et philosophiques ■ pas d'émancipation sans autonomie des choix individuels excluant la violence  Forces de rappel pour rectifier : institutions indépendantes des pouvoirs d'Etat (syndicats, associations, observatoires des inégalités, etc...) et libre auto-organisation non institutionnelle mais soutenue (moyens financiers, locaux, médias...)... = pas de recettes, conflits durables, donc moyens de rectifier les erreurs par rapports aux finalités explicitées.