Les Femmes au Travail, Tendances 2016

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Les jeunes femmes exposées à un plus fort risque de chômage Les femmes sont plus exposées au risque du chômage que les hommes, avec des taux de chômage mondiaux s’élevant à 5,5 pour cent pour les hommes et à 6,2 pour cent pour les femmes. À l’exception de l’Asie de l’Est, de l’Europe de l’Est et de l’Amérique du Nord, les taux de chômage masculins sont inférieurs à ceux des femmes dans toutes le régions du monde, avec les plus forts écarts entre les sexes enregistrés en Afrique du Nord et dans les États arabes. En Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest, et en Amérique du Nord, les écarts de chômage entre hommes et femmes se sont résorbés avec la crise financière, en grande partie sous l’effet du ralentissement économique touchant les secteurs à prédominance masculine et de l’augmentation des taux d’emploi des femmes mariées qui, dans certaines circonstances, se mettent à travailler pour compenser les pertes de revenu familial liées au chômage masculin. À l’échelle mondiale, le chômage des jeunes demeure un sujet de préoccupation. Il affecte davantage les jeunes femmes que les jeunes hommes dans pratiquement toutes les régions du monde. En Afrique du Nord et dans les États arabes, le taux de chômage des jeunes femmes est quasiment le double de celui des jeunes hommes, atteignant respectivement 44,3 et 44,1 pour cent. A contrario, le chômage des jeunes est plus élevé chez les jeunes hommes en Amérique du Nord, en Asie de l’Est et en Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest. Du fait de la crise financière, cette inversion de l’écart des taux de chômage entre les sexes s’est encore accentuée en Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest et en Amérique du Nord; dans cette dernière, toutefois, on observe des signes de rapprochement des taux ces dernières années.

La qualité des emplois des femmes continue de poser problème Statut d’emploi et emploi informel Les femmes sont toujours surreprésentées parmi les travailleurs familiaux. Des progrès ont été réalisés cependant pour réduire l’écart entre les sexes dans ce domaine. À l’échelle mondiale, la part des travailleurs familiaux a nettement reculé chez les femmes (de 17,0 points de pourcentage au cours des vingt dernières années) et dans une moindre mesure chez les hommes (de 8,1 points de pourcentage au cours de la même période), ce qui s’est traduit par une diminution de l’écart entre les sexes de 19,5 à 10,6 points de pourcentage entre 1995 et 2015 (figure II). Cette tendance relève d’un changement de la structure de l’économie avec un recul du travail agricole consistant pour l’essentiel en activités de subsistance à petite échelle. Cela dit, beaucoup de travailleuses sont toujours dans une situation professionnelle et d’emploi qui relève plutôt de dispositions informelles. En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, une forte proportion de femmes travaillent dans l’entreprise familiale (respectivement 34,9 et 31,8 pour cent) ou pour leur propre compte(respectivement 42,5 et 47,7 pour cent).

De plus, sur le marché du travail, 52,1 pour cent des femmes et 51,2 pour cent des hommes sont des travailleurs salariés. Ce qui n’offre en soi aucune garantie de meilleure qualité des emplois. En fait, à l’échelle mondiale, près de 40 pour cent des femmes qui ont un emploi salarié ne cotisent pas à la protection sociale. Ces proportions atteignent 63,2 pour cent en Afrique subsaharienne et 74,2 pour cent en Asie du Sud, où l’emploi informel est la forme d’emploi dominante. En Asie du Sud, par exemple, l’emploi informel représente plus de 80 pour cent de l’emploi non agricole. Dans trois régions sur six, l’emploi informel est davantage pourvoyeur d’emploi non agricole pour les femmes que pour les hommes (Afrique subsaharienne, Amérique latine et Caraïbes, et Asie du Sud). À cet égard, l’écart entre les sexes dans l’emploi informel peut atteindre jusqu’à 13 points de pourcentage, comme c’est le cas en Afrique subsaharienne.

Ségrégation professionnelle et sectorielle À l’échelle mondiale, le secteur des services a dépassé l’agriculture pour devenir le secteur qui emploie le plus grand nombre de femmes et d’hommes. En 2015, un peu plus de la moitié de la population active travaillait dans les services (50,1 pour cent). Si 42,6 pour cent des hommes travaillent dans les services, nettement plus de la moitié des femmes dans le monde sont employées dans ce secteur: depuis 1995, l’emploi des femmes dans les services a augmenté pour passer de 41,1 à 61,5 pour cent. La ségrégation professionnelle et sectorielle contribue grandement à creuser les écarts entre les sexes, à la fois en termes de nombre et de qualité des emplois. Les femmes qui travaillent sont surreprésentées dans un éventail restreint de secteurs et de professions. Dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, plus d’un tiers des femmes sont employées dans les services de commerce de détail ou de vente en gros (33,9 pour cent) et dans le secteur manufacturé (12,4 pour cent). Dans les pays à haut revenu, la principale source d’emploi pour les femmes, c’est le secteur de la santé et de l’éducation qui emploie près d’un tiers des femmes sur le marché du travail (30,6 pour cent). L’agriculture demeure le plus gros pourvoyeur d’emplois pour les femmes dans les pays à bas revenu ou à revenu intermédiaire inférieur. En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, plus de 60 pour cent des travailleuses sont toujours employées dans l’agriculture, souvent concentrées dans des activités à forte densité de temps et de main-d’oeuvre, qui ne sont pas ou peu rémunérées. Une analyse portant sur 142 pays montre que les femmes restent surreprésentées (par rapport à leur poids dans l’emploi total) parmi les «employés de bureau, de services et de la vente» et dans les «emplois non qualifiés». C’est surtout le cas dans les économies développées où les femmes représentent plus de 60 pour cent et près de 50 pour cent du total de l’emploi dans ces deux catégories professionnelles les moins rémunérées (figure III). À l’inverse, dans les pays développés, il existe une légère surreprésentation relative des femmes dans la catégorie des professionnels les mieux rémunérés, celle des «cadres, techniciens et professions libérales» (48,1 pour cent).

La répartition inégale du travail domestique et des activités de soins non rémunérés entre hommes et femmes signifie que les femmes ont tendance à consacrer moins d’heures à une activité rémunérée Travail domestique et activités de soins non rémunérés Dans les pays à haut revenu comme dans les pays à bas revenu, les femmes continuent de travailler moins d’heures à titre rémunéré tout en effectuant l’immense majorité du travail domestique et des activités de soins non rémunérés. En moyenne, les femmes assurent au moins deux fois et demie plus de tâches domestiques et d’activités de soins non rémunérées que les hommes dans les pays pour lesquels ces données sont disponibles. Bien que l’écart entre les sexes demeure substantiel, il a diminué au fil du temps, essentiellement du fait d’une diminution du temps consacré par les femmes aux tâches ménagères tandis que le temps voué à la garde d’enfants ne diminuait pas véritablement. Toutefois, quand on prend en compte la totalité du travail effectué, qu’il soit rémunéré ou pas, les femmes continuent de travailler un plus grand nombre d’heures au quotidien que les hommes. En particulier, les femmes employées (qu’elles soient salariées ou à leur propre compte) ont des journées de travail plus longues en moyenne que les hommes, avec un écart respectif de 73 minutes et 33 minutes par jour dans les pays en développement et dans les pays développés (figure V). Même quand les femmes ont un emploi, elles continuent de s’acquitter de l’essentiel des tâches ménagères et des activités de soins non rémunérées, ce qui limite leurs capacités à augmenter leur durée de travail rémunéré, formel et salarié.

Inégalités dans la protection sociale, en particulier pour les prestations liées à la maternité et à la vieillesse L’écart entre les sexes en matière d’emploi et de qualité de l’emploi signifie que les femmes ont un accès limité à la protection sociale liée à l’emploi, si tant est que de tels dispositifs existent. Les femmes sont moins présentes dans l’emploi salarié formel, effectuent moins d’heures et passent moins d’années dans un emploi assuré, ce qui est néfaste pour leur prime d’ancienneté sur la fiche de paie et pour la couverture par des régimes contributifs liés à l’emploi. En particulier, les allocations de maternité et les soins de santé sont essentiels si l’on veut répondre aux besoins spécifiques des femmes pendant leur période d’activité, tout comme le sont des niveaux de pension adaptés pour les femmes âgées. Du fait des disparités hommes-femmes au travail, la couverture (à la fois légale et réelle) offerte aux femmes par les régimes de sécurité sociale à cotisations obligatoires est inférieure et il en résulte un écart global entre hommes et femmes pour la couverture de protection sociale. À l’échelle mondiale, la proportion de femmes ayant dépassé l’âge de la retraite qui touchent une pension de retraite est en moyenne de 10,6 points de pourcentage inférieure à celle des hommes (figure VII). Près de 65 pour cent des personnes ayant dépassé l’âge de la retraite sans toucher régulièrement de pension sont des femmes. Ce qui signifie que 200 millions de femmes âgées vivent sans aucun revenu régulier issu de la protection sociale (pension de vieillesse ou de réversion), contre 115 millions d’hommes. Les faibles taux d’activité des femmes, couplés au développement limité des pensions non contributives, pèsent considérablement sur la couverture réelle des retraites pour les femmes en Afrique du Nord, dans les États arabes et en Asie du Sud, où les proportions de femmes âgées percevant une pension sont inférieures à 10 pour cent.


Des efforts doivent être faits pour lutter contre la ségrégation professionnelle et sectorielle Les stéréotypes sexistes sur les femmes et les attentes de la société sur leur prise en charge de l’essentiel des responsabilités familiales, l’absence de modèles, une culture du travail qui repose sur une durée du travail longue, la sous-évaluation des compétences traditionnellement qualifiées de «féminines» et des mesures de conciliation travail/vie familiale inadaptées limitent les possibilités pour les femmes de surmonter la ségrégation et de participer sur un pied d’égalité à la vie politique, économique et sociale, à la prise de décision, et d’obtenir les postes de haut niveau. À cet égard, les politiques de «discrimination positive», y compris en fixant des cibles, des objectifs ou des quotas, représentent des mesures importantes que peuvent appliquer les gouvernements, les syndicats, les organisations d’employeurs et les entreprises afin de remédier à la grave sous-représentation des femmes et de leurs préoccupations dans les processus de décision au sein des entreprises et des sociétés. En outre, les programmes d’éducation, de sensibilisation et de formation doivent être conçus de telle sorte qu’ils permettent aux filles, aux garçons et aux jeunes des deux sexes, tout en les encourageant, de s’engager davantage dans des domaines d’études ou de travail non stéréotypés. En particulier, pour réduire la ségrégation professionnelle et sectorielle, les systèmes de formation et d’éducation devraient encourager les jeunes hommes à intégrer les professions liées aux soins, tout en favorisant l’accès et la présence des femmes dans l’étude et dans l’exercice professionnel des sciences, des technologies, de l’ingénierie, des mathématiques et des compétences connexes.

Reconnaître, réduire et répartir autrement les activités de soins non rémunérées; établir l’équilibre entre travail et vie de famille L’insuffisance de la protection sociale et des mesures visant à équilibrer travail et vie familiale, y compris des emplois de bonne qualité, des services et des infrastructures de soins publics, est une préoccupation majeure pour les travailleurs et les entreprises. L’absence de cette protection et de ces mesures empêche les femmes d’accéder à plus d’emplois décents. Dans de nombreux pays, l’accès inadapté à l’approvisionnement en eau, à l’assainissement, à l’électricité, aux routes, à un transport sûr et à des services de santé explique pour l’essentiel le temps consacré par les femmes au travail non rémunéré et leur position désavantageuse dans la population active. L’inadéquation, voire l’absence totale de garde d’enfants, de services de prise en charge du handicap et des soins de longue durée, et les services qui ne répondent pas aux besoins des travailleurs, des bénéficiaires des soins ni des prestataires en termes de disponibilité, de coût et de qualité comptent aussi beaucoup. Les crises économiques et les réductions de dépenses publiques qui s’ensuivent dans le domaine des prestations sociales, des services, des emplois et des conditions de travail dans le secteur public ont aussi aggravé les déficits de soins existants dans tous les milieux, à revenu faible comme élevé. Par conséquent, ce sont les femmes qui, tout au long de leur vie, assument la responsabilité de combler ces déficits de soins sous forme d’activités de soins et de tâches ménagères non rémunérées. La sous-évaluation du travail de soin, qu’il soit rémunéré ou non, perpétue de mauvaises conditions de travail pour les femmes, qui forment l’immense majorité de la main-d’oeuvre employée dans le soin, en particulier les travailleurs domestiques, le personnel de prise en charge de la petite enfance et de l’éducation, le personnel des soins de longue durée, dont un nombre grandissant sont des travailleurs migrants. À cet égard, les gouvernements devraient accroître leur investissement social dans des infrastructures de base et des mesures visant à concilier travail et engagements familiaux, assurer que le travail de soin est évalué en tenant compte de l’égalité entre hommes et femmes, promouvoir des emplois décents et convenablement rémunérés dans l’économie du soin, avec une priorité à l’offre publique, et faire de l’accès à une garde d’enfants accessible et de qualité et à d’autres services d’aide sociale un droit universel. Les systèmes de protection sociale devraient avoir pour but de garantir l’égalité de traitement entre hommes et femmes, prendre en compte les rôles attribués à chaque sexe et servir d’instrument pour atteindre l’égalité entre hommes et femmes. De plus, les socles de protection sociale conçus à l’échelon national peuvent et doivent servir d’outil de transformation en faveur de l’égalité hommes-femmes en tenant compte des circonstances de vie particulières des femmes, telles que la maternité, et en reconnaissant, limitant et redistribuant les activités de soins et les tâches ménagères non rémunérées.