Difference between revisions of "La stratégie révolutionnaire au 21ème siècle - Pierre Rousset"

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== Plan de l'exposé==
La stratégie révolutionnaire : une remise en perspective
Introduction :
A quelle question veut répondre une stratégie révolutionnaire ?
Il y a eu d’intenses débats stratégiques au siècle passé, pas aujourd’hui. Pourquoi ?
Pourquoi est-ce à la fois si important et si difficile de reprendre aujourd’hui les débats stratégiques ?
I. Retour sur l’expérience du XXe siècle
A. Deux écueils à éviter :
Croire que la stratégie peut être simplement déduite d’une analyse de la formation sociale (déterminisme sociologique)
Croire que la stratégie peut être simplement déduite du programme fondamental (déterminisme programmatique).
Une rapide étude de cas : le Vietnam
Un seul pays, une succession de stratégies.
Surprise (ce le fut pour ma génération militante) : la définition d’une stratégie est « concrète », variable : la notion de stratégie concrète, combinée et évolutive.
L’objectif n’est pas tant de définir une fois pour toutes la « bonne » stratégie, mais de développer une « pensée stratégique », une intelligence de la question qui permettent de faire à chaque « cycle de luttes » un choix approprié.
Or cela, on peut recommencer à le faire aujourd’hui.
B. Les ingrédients d’une stratégie
Lier les données du moment aux objectifs poursuivis = à la croisée de la théorie et du programme, de la prise en compte des forces sociales, de l’analyse de la période, de l’articulation des formes de luttes, des rapports de forces, de l’organisation. Pas simple.
Quelques exemples du XXe siècle.
Constantes : importance de la question de l’Etat dans luttes de classes – donc de la construction de l’indépendance de classe (y compris sur le terrain électoral).
Nouveauté devenue constante : la centralité de la question de la bureaucratie – qui redonne toute son importance à des questions comme la démocratie populaire/socialiste, l’auto-émancipation et l’auto-organisation.
Variable : l’articulation des secteurs et formes de lutte. Chercher au-delà des clichés. L’expérience russe : cliché et réalité. L’expérience chinoise : cliché et réalité.
Sous-estimé : par exemple, le rôle des luttes d’émancipation des femmes. Les deux premières grandes lois votée en République populaire de Chine !
Penser l’histoire pour penser le présent.
II. Les débuts du XXIe siècle
Les leçons du XXe restent valides.
Parmi les grandes nouveautés :
A. La crise écologique globale
Des effets dans tous les domaines. Pour les luttes présentent jusque pour les voies de construction d’une société nouvelle (la transition). Conséquence : la stratégie doit être écosocialiste, et pas seulement le programme.
B. La paysannerie
De la « classe en trop », à l’alliée temporaire, à l’alliée dans la durée à une composante stratégique de l’écosocialisme.
C. La mondialisation
Pour la relocalisation de nombreuses productions, mais pas pour le repli sur la forteresse de l’Etat-nation. Repenser les niveaux de la souveraineté populaire.
D. Le Nord au Sud, le Sud au Nord
La Chine au Sud, la Grèce au Nord… L’impérialisme reste une réalité, mais l’Europe est au cœur de la crise capitaliste et de la guerre de classe déclenchée par les bourgeoisies…
Crise de décomposition sociale, crise de légitimité (fin de la démocratie bourgeoisie), émergence des « pauvres urbains »… Le sens des mouvements d’Indignés et d’Occupation des places.
E. Diviser pour régner
Une vielle recette, plus d’actualité que jamais. Le sens des attaques contre « l’Etat providence » : détruire les solidarités... La fragmentation du prolétariat… Le rôle du sexisme, du racisme, de la xénophobie…
La résistance et, surtout, la révolution doivent être majoritaires. Reconstituer les solidarités est vital.
Nos réponses traditionnelles : politiques de front uni et alliances de classes. Elles restent valables.
La question des identités. L’idéologie de la tolérance ne suffit pas. Lutter contre toutes les oppressions, reconnaître l’autre et créer les conditions d’un combat commun contre un ennemi commun : retour à la question sociale et de la conscience de classe.
III. Comment recommencer ?
Le lien brisé avec le passé. Les implications de la défaite de ma génération militante.
Inventivité et limites des mouvements de résistance spontanés. Les modalités de convergences des luttes.
Les implications du changement de période (plus directement perçue au Nord que souvent en Asie, aujourd’hui).
Continuer à apprendre des nouveaux mouvements, mais s’attaquer à la question :
* de la division parti (terrain électoral) / syndicats et mouvements sociaux (terrain social) – qui renvoie à un passé ; pré-léniniste.
* de la nécessité de l’organisation en permanence (syndicats, mouvements, partis…) sans laquelle il ne peut y avoir accumulation progressive de forces et collectivisation des expériences.
* de l’enracinement social. Sans un tel enracinement, un électorat reste volatil et les luttes sont passagères…
* des difficultés à surmonter – par exemple en France, l’enracinement dans des secteurs (territoires) précarisés et dans une jeunesse précarisée…
* de la conception d’organisations adaptées aux tâches de demain (et pas seulement d’hier). Question difficile.
* L’éthique militante et la trempe d’une organisation. « L’être » d’une organisation ne se réduit pas à son programme ou son orientation politique.
Ce type de questions sont restées très présentes dans certains pays (voir nos camarades de Mindanao…). Elles ne pouvaient l’être en Europe dans la période précédente. Avec la crise capitaliste et écologique, elles redeviennent d’actualité potentiellement partout…
Questions
1. Dans votre pays, quelles forces sociales doivent être engagées dans la lutte pour qu’une révolution soit majoritaire ? Autour des quels objectifs principaux ?
2. Qu’est-ce qui divise les forces populaires dans votre pays et comment combattre ces divisions ? Comment construire l’unité des forces populaires ?
3. Quelles formes de lutte vous semblent les plus appropriées pour la période à venir ? Quelles autres formes de lutte peuvent être envisagées à l’avenir ?
4. Contre quels faiblesses de nos mouvements faut-il se prémunir ? Quelle rôle donner à la démocratie au sein de l’organisation et dans les luttes ?
4. La notion de stratégie vous paraît-elle claire ? Si non pourquoi ?
==Matériel de lecture==
* [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article2199 François Sabado, "Quelques éléments clés sur la stratégie révolutionnaire dans les pays capitalistes avancés"]
* [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article2199 François Sabado, "Quelques éléments clés sur la stratégie révolutionnaire dans les pays capitalistes avancés"]
* [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25179 Esther Vivas, "Le mouvement « d’indignation » collective dans l’Etat espagnol – 15M : un regard vers l’avenir"]
* [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25179 Esther Vivas, "Le mouvement « d’indignation » collective dans l’Etat espagnol – 15M : un regard vers l’avenir"]
* [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article7333 François Houtart, "Pour un socialisme du 21e siècle"]
* [http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article7333 François Houtart, "Pour un socialisme du 21e siècle"]

Revision as of 12:55, 7 December 2012

Plan de l'exposé

La stratégie révolutionnaire : une remise en perspective Introduction : A quelle question veut répondre une stratégie révolutionnaire ? Il y a eu d’intenses débats stratégiques au siècle passé, pas aujourd’hui. Pourquoi ? Pourquoi est-ce à la fois si important et si difficile de reprendre aujourd’hui les débats stratégiques ? I. Retour sur l’expérience du XXe siècle A. Deux écueils à éviter : Croire que la stratégie peut être simplement déduite d’une analyse de la formation sociale (déterminisme sociologique) Croire que la stratégie peut être simplement déduite du programme fondamental (déterminisme programmatique). Une rapide étude de cas : le Vietnam Un seul pays, une succession de stratégies. Surprise (ce le fut pour ma génération militante) : la définition d’une stratégie est « concrète », variable : la notion de stratégie concrète, combinée et évolutive. L’objectif n’est pas tant de définir une fois pour toutes la « bonne » stratégie, mais de développer une « pensée stratégique », une intelligence de la question qui permettent de faire à chaque « cycle de luttes » un choix approprié. Or cela, on peut recommencer à le faire aujourd’hui. B. Les ingrédients d’une stratégie Lier les données du moment aux objectifs poursuivis = à la croisée de la théorie et du programme, de la prise en compte des forces sociales, de l’analyse de la période, de l’articulation des formes de luttes, des rapports de forces, de l’organisation. Pas simple. Quelques exemples du XXe siècle. Constantes : importance de la question de l’Etat dans luttes de classes – donc de la construction de l’indépendance de classe (y compris sur le terrain électoral). Nouveauté devenue constante : la centralité de la question de la bureaucratie – qui redonne toute son importance à des questions comme la démocratie populaire/socialiste, l’auto-émancipation et l’auto-organisation. Variable : l’articulation des secteurs et formes de lutte. Chercher au-delà des clichés. L’expérience russe : cliché et réalité. L’expérience chinoise : cliché et réalité. Sous-estimé : par exemple, le rôle des luttes d’émancipation des femmes. Les deux premières grandes lois votée en République populaire de Chine ! Penser l’histoire pour penser le présent. II. Les débuts du XXIe siècle Les leçons du XXe restent valides. Parmi les grandes nouveautés : A. La crise écologique globale Des effets dans tous les domaines. Pour les luttes présentent jusque pour les voies de construction d’une société nouvelle (la transition). Conséquence : la stratégie doit être écosocialiste, et pas seulement le programme. B. La paysannerie De la « classe en trop », à l’alliée temporaire, à l’alliée dans la durée à une composante stratégique de l’écosocialisme. C. La mondialisation Pour la relocalisation de nombreuses productions, mais pas pour le repli sur la forteresse de l’Etat-nation. Repenser les niveaux de la souveraineté populaire. D. Le Nord au Sud, le Sud au Nord La Chine au Sud, la Grèce au Nord… L’impérialisme reste une réalité, mais l’Europe est au cœur de la crise capitaliste et de la guerre de classe déclenchée par les bourgeoisies… Crise de décomposition sociale, crise de légitimité (fin de la démocratie bourgeoisie), émergence des « pauvres urbains »… Le sens des mouvements d’Indignés et d’Occupation des places. E. Diviser pour régner Une vielle recette, plus d’actualité que jamais. Le sens des attaques contre « l’Etat providence » : détruire les solidarités... La fragmentation du prolétariat… Le rôle du sexisme, du racisme, de la xénophobie… La résistance et, surtout, la révolution doivent être majoritaires. Reconstituer les solidarités est vital. Nos réponses traditionnelles : politiques de front uni et alliances de classes. Elles restent valables. La question des identités. L’idéologie de la tolérance ne suffit pas. Lutter contre toutes les oppressions, reconnaître l’autre et créer les conditions d’un combat commun contre un ennemi commun : retour à la question sociale et de la conscience de classe.

III. Comment recommencer ? Le lien brisé avec le passé. Les implications de la défaite de ma génération militante. Inventivité et limites des mouvements de résistance spontanés. Les modalités de convergences des luttes. Les implications du changement de période (plus directement perçue au Nord que souvent en Asie, aujourd’hui). Continuer à apprendre des nouveaux mouvements, mais s’attaquer à la question :

  • de la division parti (terrain électoral) / syndicats et mouvements sociaux (terrain social) – qui renvoie à un passé ; pré-léniniste.
  • de la nécessité de l’organisation en permanence (syndicats, mouvements, partis…) sans laquelle il ne peut y avoir accumulation progressive de forces et collectivisation des expériences.
  • de l’enracinement social. Sans un tel enracinement, un électorat reste volatil et les luttes sont passagères…
  • des difficultés à surmonter – par exemple en France, l’enracinement dans des secteurs (territoires) précarisés et dans une jeunesse précarisée…
  • de la conception d’organisations adaptées aux tâches de demain (et pas seulement d’hier). Question difficile.
  • L’éthique militante et la trempe d’une organisation. « L’être » d’une organisation ne se réduit pas à son programme ou son orientation politique.

Ce type de questions sont restées très présentes dans certains pays (voir nos camarades de Mindanao…). Elles ne pouvaient l’être en Europe dans la période précédente. Avec la crise capitaliste et écologique, elles redeviennent d’actualité potentiellement partout…


Questions 1. Dans votre pays, quelles forces sociales doivent être engagées dans la lutte pour qu’une révolution soit majoritaire ? Autour des quels objectifs principaux ? 2. Qu’est-ce qui divise les forces populaires dans votre pays et comment combattre ces divisions ? Comment construire l’unité des forces populaires ? 3. Quelles formes de lutte vous semblent les plus appropriées pour la période à venir ? Quelles autres formes de lutte peuvent être envisagées à l’avenir ? 4. Contre quels faiblesses de nos mouvements faut-il se prémunir ? Quelle rôle donner à la démocratie au sein de l’organisation et dans les luttes ? 4. La notion de stratégie vous paraît-elle claire ? Si non pourquoi ?

Matériel de lecture