La démocratie socialiste – Catherine Samary

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Plan de l'exposé

NOTRE PROJET SOCIALISTE /COMMUNISTE Une utopie concrète radicalement démocratique et égalitaire Introduction : buts et limites de l'exposé. 1- Je ne traiterai pas ce qui sera abordé ensuite (nos réponses stratégiques, programmatiques et politiques au plan global et dans divers contextes).

2- Le but principal est indiqué par le sous-titre : nous centrer ici sur l'essence profondément démocratique et égalitaire du projet « socialiste/communiste » - comme « utopie concrète » (utopie, non pas au sens de irréalisable, mais au sens de ce qui n'a jamais été réalisé ; concrète, parce que reliée à des « possibles » émergents de l'histoire longue et actuelle des luttes elles-mêmes dans/contre le système capitaliste).

3- Mais il faut clarifier le sens que nous donnons aux mots « socialisme » (ou « communisme ») ; brouillé à la fois par l'expérience, par la diversité des contextes et cultures politiques où on les utilise, et par diverses significations parfois présentées comme des définitions marxistes. Comme le soulignait Antonio Gramsci, (communiste italien mort dans les prisons fascistes en 1937), la lutte pour le sens des mots fait partie des champs de bataille pour gagner « l'hégémonie politique ». Le but de l'exposé est aussi de discuter une démarche cohérente sur ce plan.

4- Enfin, l'approche marxiste actualisée d'un projet socialiste émancipateur doit intégrer pleinement l'enjeu bureaucratique. Parce qu'il nous incombe un « devoir d'inventaire » sur le passé dit communiste comme le disait Daniel Bensaïd ; mais aussi parce que, plus généralement, l'idée que la remise en cause des rapports d'exploitation capitalistes permettrait l'avènement d'une société sans rapports de domination s'est avérée pour le moins insuffisante sinon fausse (notamment sur les rapports de genre et les questions nationales ou le racisme). Nous voulons et devons redonner sens à l'utopie communiste comme mouvement de lutte contre tout ordre social inégalitaire existant. On peut et on doit relier à cet objectif fondamental, l'analyse spécifique d'une réalité – non prévue par Marx (les anarchistes en ont eu davantage conscience) – de la bureaucratisation des organisations et des expériences dont le but était/est pourtant la lutte contre l'exploitation capitaliste. Mais comment la combattre ? Il faut aussi reprendre sur ce plan le débat avec les courants anarchistes, en s'appropriant pleinement les aspirations démocratiques et anti-bureaucratiques que l'ont voit aussi fleurir dans les mouvements Indignés, et en tirant les bilans d'expériences. La QI, et tout particulièrement grâce à l'apport d'Ernest Mandel (cf. la brochure mise en lecture) , a mis un accent particulier et cohérent sur cet enjeu essentiel de la lutte contre les rapports de domination dans trois domaines articulés : a) le fonctionnement des partis ; b) les rapports entre parti et mouvements de masse ; et c) la conception de la société socialiste elle-même – compte tenu de l'expérience de la stalinisation de l'URSS, notamment. Je voudrais restituer synthétiquement cette réflexion, tout en indiquant plusieurs débats qui s'y rattachent (sans pouvoir les traiter systématiquement) - en espérant transmettre la conviction qu'il s'agit d'un vaste chantier pour la pensée et la refondation d'un projet socialiste intégrant l'apport de toutes les luttes d'émancipation.

I- Socialisme, communisme : clarifier les enjeux et redonner sens au projet émancipateur A) Retour sur les « définitions » classiques des manuels 1. Les deux phases – et discussion critique 2. l'intérêt de la critique par Marx du « socialisme utopique » - ce que nous devons en garder.

B) Des distinctions essentielles 1- Le communisme comme utopie concrète – un mouvement profondément égalitaire et démocratique - les mots pour le dire liés aux aspirations et expériences... 2- l'(auto-)étiquetage « socialiste,communiste » de réalités historiques, ou de « modèles » (moyens) préconisés D'où la possibilité: a)d'analyser l'écart entre 1 et 2 - ses causes historiques et contextualisées, voulues ou involontaires, et conséquences à en tirer ; b)de rétablir l'articulation non dogmatiques entre finalités (explicitées) et moyens.

II. La bureaucratisation du mouvement ouvrier et des révolutions anti-capitalistes : une tendance organique... NB : « la bureaucratisation », c'est-à-dire ? Dimension sociale et politique (au sein du mvt ouvrier) : appareils, permanents, élus... au service de..., qui parlent au nom de..., et finissent par défendre leurs propres intérêts ou sont corrompus par le système : distinguer des processus ou déformations, et des changements de logique sociale et politique (pas toujours simple, sans recul).

A) Les conditions et contradictions historiques particulières des luttes dans/contre le capitalisme et des révolutions anti-capitalistes : 1- « Comment de rien devenir tout ? » - Rôle des organisations politiques, syndicales. Inégalités et délégation de pouvoir... Difficulté du contrôle, pressions de la vie quotidienne 2- Quelle « préparation » du socialisme dans/contre le système capitaliste ? La dialectique des conquêtes partielles ; dangers de l'enlisement et du révolutionnarisme impuissant.

B) Difficultés inévitables de la construction du socialisme 1. Inégalités et comportements hérités 2. Auto-activité permanente impossible – diversité des aspirations 3. Pressions de l'environnement hostile...

C) L'expérience historique 1. La stalinisation : c'est à dire ? Dimensions internationales 2. Les degrés et scénarios divers de bureaucratisation 3. Des tendances organiques... qui nous concernent. Relations de domination complexes, involontaires. Impossible « pureté » des mouvements réels mais lutte consciente 4. Ou bien refus d'intégration de cette réalité dans le sens auto-critique : domination « bourgeoise » seulement ? Ou nouvelle classe révolutionnaire et dominante (manager, intellectuels, partis?)

Conclusion...

III- Les résistances à la bureaucratisation et à tous les rapports de domination – quelques débats historiques et en cours. 1. Contre le fatalisme historique – la conscience des difficultés du projet émancipateur La bureaucratie comme catégorie intermédiaire (oscillant entre classes fondamentales, selon contextes historiques à analyser) et la bureaucratisation comme rapport de domination à combattre : l'enjeu de la démocratie « réelle » à inventer. Les mesures concrètes – cf. E. Mandel : rotation des tâches, rémunération, révocabilité... A creuser et discuter : cf / rapports de genre, inégalités 2. Des visions erronées et de fausses réponses... a)l'ouvriérisme – et vision naïve du prolétariat (porteur de … et homogène, sans conflits) – autonomie et mixité... Les diverses facettes des individus. La liberté de pensée et d'organisation. b) Le marché contre le bureaucratisme de l'Etat ? Cf. le débat Mandel/ Che/ Bettelheim sur les stimulants matériels contre la planification bureaucratique. Conceptions anars de l'autogestion. c)La suppression des institutions comme solution ? Pas d'Etat ? Pas de parti ? Pas de syndicat ? Pas d'association ? 3. La cohérence nécessaire a)contre tous les rapports de domination... b)dès aujourd'hui... c)avec articulation dans trois domaines : le parti, ses rapports aux mouvements de masse et les projets sociétaux... Retour sur la vérité scientifique « marxiste » que détiendrait le parti (la direction, telle tendance?) sans être capable de convaincre ?

QUESTIONS (facultatives et au choix, bien sûr...)

1) Difficultés rencontrées dans votre pays sur l'utilisation des mots communistes, socialistes – et quelle pédagogie adoptez vous pour développer en substance des idées socialistes ?

2) Comment combattre le bureaucratisme, les rapports de domination dans les organisations politiques, syndicales, associatives où nous militons ? Quelles mesures ? Expériences ?

3) Peut-on se préparer au projet socialiste autogestionnaire dans /contre le capitalisme ? Avez vous des expériences sur ce plan ? Quelles difficultés, quels apports ?

4) Avez vous eu des mouvements de type « Indignés » dans votre pays – Quelle conception de la démocratie ? Quels apports et quelles difficultés percevez vous dans ce type de mouvement ?


  • Catherine Samary, 2013, Des dégâts du "productivisme" à la planification écosocialiste autogestionnaire. [1]
  • Ernest MANDEL, De la bureaucratie, [2]