Extrait de "Rôle et tâches de la IVe Internationale", Résolution du 16e Congrès mondial

From 4EDU
Jump to navigation Jump to search

L’Amérique latine continue d’être le centre des résistances au néolibéralisme. C'est le continent avec les situations les plus explosives, même si celles-ci sont inégales selon les pays. Le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur vivent les processus de radicalisation majeure et de ruptures partielles avec l’impérialisme, qui ont impliqué certaines avancées importantes, au niveau du gouvernement et/ou des mouvements sociaux. D’autres ont encore un pronostic difficile à établir, comme le Paraguay. Tous prennent Cuba comme référence. D’autres pays maintiennent des variantes politiques du néolibéralisme, comme le néodéveloppementisme en Argentine ou comme le social-libéralisme en Uruguay ou au Brésil. Ce dernier malgré ses fortes contradictions avec les États-Unis, surtout dans sa politique de défense, de par son appartenance à la Unasur et ses accords avec le Venezuela, collabore à des politiques fondamentales avec Washington et espère arriver à un leadership régional. Alors que la Colombie, le Pérou, le Chili et le Mexique se maintiennent décidément néolibéraux. Cependant, une nouvelle situation politique se présente avec la menace impérialiste renouvelée dans la région, la présence de la Quatrième Flotte, le coup d’État au Honduras, sept nouvelles bases militaires en Colombie, l’intervention directe de l’ambassade américaine dans le plus important conflit syndical depuis des années en Argentine, l’ingérence politique et militaire en Haïti… C'est une tentative de rupture avec les avancées politiques actuelles qui met à l'ordre du jour le besoin d’élaborer une réponse internationale.

Ceci implique qu’en Amérique latine la lutte de classes va s’intensifier prochainement. Les gouvernements du Venezuela et de l’Équateur vivent un recul par rapport à leurs propositions les plus radicales, démontrant surtout deux aspects qui génèrent une préoccupation : l’orientation vers des modèles extractivistes des ressources naturelles et peu de participation démocratique des secteurs sociaux. En Bolivie, il y a une radicalisation des processus de changement, du fait du maintien et de l’appui direct des mouvements sociaux. Même s’il s’agit là de processus conflictifs, avec des avancées et des reculs, ils courent le risque de ne pas nécessairement avancer vers des positions anticapitalistes lors de leur évolution, à moins d’un renforcement de l’autoactivité des salarié(e)s, des peuples originaires comme des secteurs sociaux opprimés et d’une meilleure pression de ceux-ci sur les gouvernements comme au Venezuela, Bolivie, Équateur.

La radicalisation des mouvements sociaux, avec une importance particulière de la lutte des mouvements indigènes et paysans, exerce des pressions sur les gouvernements mentionnés et en même temps présente une perspective avec une claire position anticapitaliste de défense des ressources naturelles : terre, eau, biodiversité, etc. et de changement de modèles de développement, comme l'a indiqué la déclaration de l’Assemblée des mouvements sociaux, qui s’est réunie lors du FSM/Belem, ainsi que la récente assemblée de l’Alba TCP, qui dans sa déclaration finale dénonce le capitalisme, appelant à le dépasser ; les rencontres nationales, régionales et internationales des mouvements sociaux sont un exemple de la potentialité radicale que contient la région sud de l’Amérique latine.

L’une des tâches politiques urgentes pour les organisations est de potentialiser l’autoactivité des masses, la généralisation du contrôle ouvrier et la création d’organes de pouvoir populaire. Dans le cas contraire, le plus probable, au Venezuela, en Bolivie et en Équateur, est que le risque d’un recul définitif et d’une consolidation du capitalisme existe, alors qu’aujourd'hui ces pays le confrontent.

L’activité des sections et groupes de la IVe Internationale en Amérique latine doit prendre en compte ces tendances, l’actualité de la question nationale dans la région et l’interrelation anti-impérialisme/anticapitalisme. Ils doivent définir la tactique d’intervention dans un processus où apparaît l’interrelation parfois convergente, parfois contradictoire, entre les États qui intègrent l’ALBA et les mouvements sociaux avec de fortes expériences d’auto-organisation et d’autogestion. Cette tactique implique de promouvoir les demandes et les luttes unitaires en défense des droits des peuples indigènes, le refus de la criminalisation de la contestation, des privatisations, de l’extractivisme des ressources naturelles, du machisme et de la crise économique et écologique, en stimulant ainsi le débat politique stratégique à propos du pouvoir et de l’hégémonie dans nos sociétés.